Association Républicaine Poulain-Corbion

Association Républicaine Poulain-Corbion

Vendredi 25 octobre 2013. Après le rassemblement Poulain-Corbion

Le rassemblement-anniversaire de la mort de Poulain-Corbion s'est déroulé comme à l'accoutumée, Place du Général de Gaulle.

L'Association était assistée de l'ARAC avec Claude Bouveret porte-drapeau et de la Ligue des Droits de l'Homme avec Annick Audoux.

Philippe Guéniffey, Maire-adjoint représentait le Maire Bruno Joncour.

 

Après l'allocution prononcée par Edouard Le Moigne assisté pour la lecture de textes par Quentin Renault, deux bouquets de fleurs ont été déposés au pied de la plaque commémorative : un par Catherine Quintin trésorière de l'ARPC, un autre par le jeune Maël Hecquard de Cordoue, descendant de Poulain-Corbion.

Puis l'assistance a accompagné Jean-Claude Champagne pour le Chant du départ.

 

                            Allocution prononcée par Edouard Le Moigne

 

Chers amis,

Nous sommes réunis sur cette Place du Général de Gaulle avec une double intention :

 -         Raviver la mémoire de la mort tragique de Poulain-Corbion dans la nuit du 4 au 5 brumaire an VIII (25-26 octobre 1799)  ainsi que le rappelle la plaque apposée sur le mur de la cathédrale.

 -         Associer à ce geste maintenant rituel aux deux revendications statutaires de l’Association :

 1.la reconstruction du monument érigé en 1889 et enlevé en 1942 pour alimenter l’effort de guerre des armées du IIIème Reich ;

 

 2. Renouveler notre attachement aux valeurs républicaines que Poulain-Corbion a incarnées de son vivant et jusque dans sa mort.

 Ce rassemblement-anniversaire est appelé par l’Association Républicaine Poulain-Corbion. Avec le concours de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) et de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH).

 

ARAC ELM et QR.JPG

 Photo Rachid Zaimi

   -Pourquoi l’ARAC ?

 

L’ARAC est connue pour son attachement aux principes républicains et parce que le Monument Poulain-Corbion était aussi un monument aux morts  dédié à des victimes d’ une guerre , celle qui dressait, avec le concours d’armées étrangères, les Chouans contre la République ;

 

 10 noms figuraient sur ce monument, morts de  cette incursion des Chouans :Poulain-Corbion, Darthuy, Chardronnet, Couture, Gauthier, Fournier, Le Breton, Marius, Botrel, Valin. Le rappel de ces noms a au moins le mérite de signifier que leur mort  ne relève pas de la légende comme on l’a parfois  prétendu.

 On peut aussi signaler que le sculpteur briochin Pierre Ogé, le sculpteur  du monument Poulain-Corbion, a aussi  réalisé un autre monument aux morts : celui dédié aux morts de la guerre de 1870. Initialement installé sur le Champ de mars, il se trouve actuellement dans le carré militaire du cimetière de l’Ouest. C’est aussi une belle réalisation. En bronze aussi comme son Poulain-Corbion.

 

   -Pourquoi la LDH ?

 La LDH se réfère à la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, de 1789 que vota Poulain-Corbion alors qu’il était député de Saint-Brieuc.

 

Autre indication qui n’est pas sans importance :

 En 1889, c’est Armand Dayot qui fut à l’initiative du monument Poulain-Corbion. Armand Dayot, était natif de Paimpol qui l’honore par un monument et par un quai du port à son nom, monument par Jean Boucher, fondu aussi par les Allemands, mais lui reconstruit depuis. Armand Dayot se lança aussi dans la défense du capitaine Dreyfus aux côtés de Zola, de Clémenceau, de Jaurès et de tant d’autres. Et la LDH est née de l’Affaire Dreyfus. Qui plus est, Dayot avait épousé une juive et les biographes de Dayot ne savent pas ce qu’est devenu Myriem pendant la nuit et brouillard de l’Occupation.

 

La LDH est bien à sa place dans cette brève cérémonie.

 

            Remerciements :

 

Ils vont en premier lieu à tous les participants et notamment aux nouveaux venus. La présence parmi vous de militants et responsables politiques, syndicaux ou associatifs de divers horizons – mais la République a les bras larges, et le pluralisme est un gage de démocratie – est une encouragement a persévérer dans nos objectifs.

 Il nous faut présenter les excuses de ceux qui nous ont fait parvenir un courrier papier ou mail :

 Bruno Joncour, Maire et vice-président de St-Brieuc-Agglomération, qui est représenté par son adjoint, Philippe Guéniffey. Toujours fidèle au suivi de nos activités.

 Michel Lesage député, et qui a toujours manifesté de l’intérêt pour note association.

Michel Brémont Vice-Président du Conseil Général, et habitué de nos rassemblements-anniversaires qui est retenu  dans d’autres instances.

Gérard LE CAER vice-président du Conseil Général et Président de la commission de la Citoyenneté.

 Brigitte Blévin, Maire-adjointe à la culture ;

 Elisabeth Séité, Maire-adjointe au commerce, au tourisme et à l’animation.

 Evelyne Bot, conseillère déléguée à l’Agglo et qui était en charge de notre association avant Philippe Guéniffey et dont nous avons gardé le meilleur souvenir.

 Christine Gacel, Conseillère municipale.

 Excuses aussi :

 De Mathieu Hamon et de Yves Hamon, descendants de Poulain-Corbion

 Saluer la présence d’Annick Pincemin-Lecocq et Lisenn Pincemin-Hecquard de Cordoue, descendants de Poulain-Corbion  et de ses enfant neveu et nièce.

 Ce qui me donne l’occasion de rappeler le récent décès de notre adhérente Monique Giraud, née Poulain de Corbion, et qui était en principe la dernière personne à porter le nom de Poulain de Corbion.

 

Rappelons maintenant et brièvement  les dernières péripéties que l’Association a connues :

 1 Un projet de reconstruction du monument Poulain-Corbion sur la base de celui de 1889, et à partir des photographies prises par la Mairie en 1942 a été élaboré conjointement par la Mairie et l’Association avec l’agrément des Bâtiments de France pour une installation sensiblement à sa place initiale, au niveau de l’Hôtel de Ville.

 Des devis indicatifs  ont permis d’avancer le chiffre de 97 000 euros pour l’ensemble, y compris l’installation du socle de granit qui serait inspiré du socle du monument Leperdit à Rennes  détruit lui aussi, mais refait, et qui serait réalisé par les élèves du Lycée Professionnel de Quintin.

 Des accords de principe pour des aides et subventions ont été obtenus de Ronan Kerdraon, et Gérard Le Cam, sénateurs ; de Michel Lesage (alors président de l’Agglo), par Jean-Yves Le Drian (alors président de Région), avec le concours actif d’Alain Cadec député européen. Le Conseil Général, par la voix de Charles Josselin est également disposé favorablement. Grâce à l’entremise de Michel Morin, Conseiller régional une subvention de 8 000 € a été  votée par la Région  « pour ce beau projet » pour reprendre les termes de la lettre de Jean-Yves Le Drian.

 

 Quelques temps après, Michel Lesage met aux voix une proposition de subvention par  St-Brieuc-Agglomération. Mais cette demande doit être retirée suite à une accusation de malhonnêteté et de prévarication  lancée contre Poulain-Corbion par un élu du courant régionaliste, qui prend pour argent comptant le contenu d’un livre récemment paru de Jean Kergrist.. Dans ce livre Poulain-Corbion est accusé d’enrichissement frauduleux lors de la vente des biens nationaux que les gouvernements depuis 1789 mettaient en vente pour éponger leur déficit financier et couvrir leurs dépenses induites par l’état de guerre - intérieure et extérieure. Ces biens nationaux provenaient des biens de l’Eglise qui était immensément riche et de biens confisqués par l’Etat aux émigrés qui prenaient les armes contre le pays.

L’assassinat de Poulain-Corbion par les Chouans dans la nuit du 25 au 26 octobre 1799, est présenté par notre auteur comme un acte de vengeance de paysans frustrés de biens nationaux qu’ils auraient eux-mêmes convoités lors de leur mise aux enchères.

 

Entendons-nous. Nous avons aucune intention de céder au culte de la personnalité au profit de quiconque. Ni donc de Poulain-Corbion, d’autant qu’on peut s’accorder sur le fait  qu’après tout, toute personnalité peut avoir comme on dit sa part d’ombre.

 

Mais il se trouve que les recherches les plus honnêtes  sur ces accusations de prévarication sont sans fondement. Nous avons lu attentivement le livre de Jean Kergrist et relevé les incohérences, les erreurs et les faiblesses de l’acte d’accusation. Nous avons nous-mêmes produit, avec l’aide de Daniel Jouteux du Mans, sous la signature de quatre membres du bureau, Jacques Chatillon,  Quentin Renault, Kévin Magi et moi-même, un texte sous l’intitulé évocateur :  « Qui veut de  nouveau tuer Poulain-Corbion ? » Consultable sur internet et disponible sur papier sur demande. En fait, de part d’ombre on n’en a pas trouvé !

 Faut-il rappeler qu’il avait été maire de la ville pendant 10 ans. C’était un homme des Lumières qui aspirait donc à des changements profonds dans la société. Il est le principal rédacteur du cahier de doléances de la ville. Il est élu député du Tiers Etat aux Etats Généraux convoqués par Louis XVI en 1789. Lorsqu’il revient à Saint-Brieuc, au terme de son mandat en septembre 1791,  il a droit à un accueil chaleureux, une « stand ovation », par le Conseil municipal qui lui propose même de reprendre sa fonction de maire, ce qu’il décline.

 Il ne se représente pas non plus aux élections législatives puisque avant de se séparer l’Assemblée Constituante avait arrêté que les députés sortants n’étaient pas éligibles à la nouvelle assemblée (l’Assemblée Législative).

 Poussant nos  recherches,  nous avons même trouvé une thèse de doctorat sur la vente des biens nationaux dans les Côtes-du-Nord, travail universitaire publié au début du siècle dernier par Léon Dubreuil, historien et Inspecteur d’Académie à Saint-Brieuc et dont le nom a d’ailleurs été donné à une rue de la ville. Thèse aisément consultable à la Bibliothèque municipale mais que notre accusateur ignore superbement.

 Ce qui donne l’opportunité à notre ami Maître Blandin, avocat honoraire et ancien maire de Lannion de produire un libelle ciblant une véritable opération de nouveau négationnisme.

 

 Et pour étayer notre conviction   nous nous sommes adressés à des historiens spécialistes. Au premier rang desquels Bernard Bodinier professeur à l’Université de Rouen, auteur  d’une thèse de doctorat sur la vente des biens nationaux en France. Il établit  le caractère mensonger des allégations de corruption lancées contre Poulain-Corbion lors de la vente des biens nationaux.

Autre historien, Alain Soubigou, professeur en Sorbonne et qui forme professionnellement les étudiants à la recherche historique, a démontré par le menu les carences du travail de Jean Kergrist et son caractère fantaisiste bien éloigné de la rigueur dont doit faire preuve tout chercheur, en histoire comme dans d’autres disciplines.

 A ce stade, on aura relevé un fait peu coutumier. Alors que dans Le Griffon-Magazine,  une tribune libre des élus Ecologiste et de l’ Union Démocratique Bretonne reprenait pour argent comptant les accusations  à l’encontre de Poulain-Corbion, nous avons obtenu un droit de réponse dans cette publication municipale, qui en quelques lignes et sous l’intitulé évocateur « L’ignorance est mauvaise conseillère », a apporté à ces accusations un démenti jusqu’ici incontesté.

 Nous en sommes là.

 

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 Photo Rachid Zaimi

A ce stade nous voulons à notre tour vous faire bénéficier d’un scoop.

 Nous savions par sa biographie qui figure dans le très officiel  "Dictionnaire des parlementaires français depuis 1789" que Poulain-Corbion avait écrit en 1788 une brochure « La poule au pot » en défense des paysans. Nous n’avons pas pu mettre la main encore sur cette brochure. Mais, et voilà notre scoop, nous avons pu obtenir des Archives Nationales un document inédit, un texte écrit de la main de Poulain de Corbion à la veille de la convocation des Etats Généraux de 1789, texte envoyé au Ministre Necker. Dans ce texte on peut lire à plusieurs endroits que Poulain Corbion se pose en défenseur des paysans :

 

 Quentin Renault lit les passages caractères gras :

 

 

 

« …..Lettre à Necker du 1er Septembre 1788

 Archives Nationales : cote H/1/564

 Page 1 de 5 « illisible

 9.Nov. 1788

 Monseigneur,

 

Le tems ne m’ayant pas permis d’achever mon mémoire concernant l’assemblée des notables que j’ai eu l’honneur de vous envoyer le 28 du mois dernier, j’ai celui de vous faire passer le supplément à le mémoire, que je vous supplie de vouloir bien y joindre,

 Je suis d’un Très Profond Respect,

 Monseigneur,

 Votre très humble et très obéissant Serviteur

 Poulain de Corbion :.Maire

 St Brieuc le 1er 9bre 1788

 

Supplément au Mémoire du 28 . 8. 1788

 

Dans les derniers troubles le peuple n’a pas été éclairé pour tant la classe plus essentielle, celle des habitants des campagnes qui est la plus précieuse, celle enfin qui fait germer de sa sueur le grain dont elle nourrit les autres classes de citoyens.

  Le peuple des campagnes n’a point eu connaissance des édits on a pris le soin de ne pas les lui envoyer, Plusieurs édits n’ont pas été publiés et affichés dans la ville, l’ont été trop tard, ou ont été arrachés aussitôt qu’ils ont été placés, ce qui a donné la facilité aux gens mal intentionnés de tromper le peuple par des écrits séditieux et remplis de faussetés sur lesquels la police fermait les yeux, tandis qu’elle s’efforçait de faire des recherches contre les personnes qui faisaient circuler des écrits, tendant à éclairer le peuple, quelle publiait des monitoires pour en découvrir les auteurs et distributeurs, et condamnait ces écrits à être brûles par l’exécuteur de

la haute justice.

 Il est cependant de la plus grande importance pour le gouvernement que cette classe la plus précieuse à l’état qui est toujours opprimée, parce quelle n’est jamais représentée,soit consultée et donne son avis, Le peuple est plus éclairé qu’on ne pense, il se trouve dans les campagnes des gens qui pensent bien et capables de donner de très bons avis, quelqu’effort qu’on ait fait pour le séduire,

 La majeure partye des Généraux n’a pas protesté, Ceux qui ont protesté l’ont fait par crainte ou par complaisance, mais les individus sont restés fidèles à leur Roy. Le peuple a bien vu qu’on employait la séduction pour le tromper et on l’entendait souvent répéter qu’il ne connaissait que deux maîtres, Dieu et le Roy,

 Et ce qui prouve que son amour pour son maître est naturel, C’est que ny soutenu, ny encouragé par personne il n’a dû sa fidélité qu’au seul mouvement de son coeur, Et il est très certain, que le peuple eu pris le party de son Roy, et que si sa Majesté avait conservé sa fermeté, l’établissement des tribunaux aurait eu lieu ; Le peuple sent bien que, les tribunaux formés en totalité de nobles doivent nécessairement faire pencher la balance en faveur de l’ordre auquel ils tiennent par les liens du sang ou de la fraternité et que la prédilection n’est pas pour lui ; Le party de l’opposition était sy convaincu que le peuple n’était pas pour lui, que quand le Roy donnait quelques marques de fermeté il tombait dans l’abattement et la consternation ; la Noblesse convient actuellement que les Parlements ont trop d’autorité et quand on lui reproche ce quelle a fait pour en obtenir le retour, elle répond que c’est quelle ne pouvait empêcher l’existence du Baillage sans obtenir le rappel des Parlements. Elle ne craint au surplus les Baillages que parce qu’ils seront composés en majeure partie de l’ordre du Tiers, raison pour laquelle ce dernier ordre doit tenir à l’établissement de ces tribunaux qui aurait eu lieu sans presque d’opposition sy le Roy n’avait pas cédé ; car tout ce qu’on a fait n’était qu’un beau simulacre auquel on a donné plus d’importance qu’il ne méritait ; Et il est de vérité très constante que plus des trois quarts de ceux qui paraissent les plus zellés parlementaires ne paraissent cela que par la crainte du Parlement, et sont Royalistes dans le coeur. Et ils le montreront quand ils le pourront faire avec sureté, c’est à dire, quand ils seront appuyés du Gouvernement qui a semblé abandonner ceux qui lui étaient attachés ; Il eut fallu que le Roy eut fait circuler dans le peuple des écrits avoués du Gouvernement par lesquels il l’aurait assuré de la protection spéciale, et l’aurait instruit de ce qu’il voulait faire pour lui, envoyer dans les paroisses un modèle de réclamation que le peuple pouvait faire et d’assurer qu’il aurait eu égard, et ordonner aux généraux des paroisses de délibérer en présence d’un commissaire du Roy, ou un juge royal délégué à cet effet et en exclure pour cette fois les juges et procureurs fiscaux du seigneur, attendu qu’il est de leur intérêt d’empêcher l’établissement de nouveaux tribunaux. Il n’est pas douteux que les généraux des paroisses eussent adopté des lois favorables au peuple : Cela peut encore se réparer Il est tems encore de faire cet essay, On peut en espérer le plus grand succès, le peuple on ne peut trop le respecter n’ayant pris qu’une part forcée aux troubles quelques plaisirs qu’on lui ait donné quelque argent qu’on ait répendu (il est vrai en petite quantité) Il ne paraissait pas content , il ne prenait part au plaisir que par manière d’aquit et il ne tenait pas longtemps, Toujours demeuré fidèle à son Roy, ses cris étaient toujours les cris de Vive le Roy, si quelques gens soudoyés criaient Vive le Parlement, leurs voix étaient couvertes par les cris de Vive le Roy, Il accepterait des lois qui le mettent à l’abri de l’injustice, surtout si le Roy s’assurait qu’on ne lui ferait plus d’injustice, de s’éloigner des grandes claces ou le mérite peut faire parvenir, Et que le mérite serait désormais récompensé partout où il se trouverait, sans distinction d’ordre ni de rang, Ce serait un grand moyen de faire revivre encore les Jean Bar, les Dugué Trouin, les Chever …, de rendre le royaume de France le plus florissant, le plus redoutable et le plus respectable de l’Europe, On ne peut se dissimuler que c’est l’émulation qui règne en Angleterre qui rend ce royaume sy puissant ; Il faudrait encore assurer le peuple que le Roy désire abolir la corvée et la convertir en une prestation en argent qui serait payée par tout les ordres, Et mettre entre les ordres de la Noblesse et du Tiers une juste répartition des impôts. Il faudrait enfin mettre sous les yeux du peuple les projets du Roy et prendre son avis, ces projets lui étant favorables il n’est pas douteux qu’il les accepterait avec reconnaissance, et que leur adoption serait d’un poids à faire pencher la balance aux Etats Généraux. »

 

    On aura noté, par delà l’affirmation de la fidélité à la monarchie qui était à cette époque très largement partagée, l’esquisse de réformes que les Etats Généraux et l’Assemblée Constituante vont adopter,  comme le doublement de députés du Tiers, la suppression des Parlements provinciaux, la suppression des corvées, et la réforme des impôts qui vont être étendus à l’aristocratie qui en était jusque là exemptée .

  La France de l’époque de la Révolution était très majoritairement rurale et paysanne. Et ceci était bien entendu vrai pour la région de Saint-Brieuc.

 Mais il ne faut pas pour autant mésestimer l’engagement des gens des villes dans les transformations en cours, y compris les petites gens. Pour ce qui concerne Saint-Brieuc, Louis Guilloux  n’était certes pas historien, mais il était doté d’une culture et de connaissances les plus sérieuses. C’est ainsi qu’il relate, dans le Jeu de patience un événement populaire dans les derniers mois de 1789.

 

Quentin Renault :

  « …Et c’est ainsi que j’arrivai sur la petite place Saint-Paul. Au milieu de la place, le grand marronnier tout humide scintillait dans la lumière baissante. (…).

 Pour une raison que j’ignorais, c’était là qu'on avait choisi en 89 pour y traîner les instruments de torture  découverts dans la prison.  C'était là qu'on les avait détruits. Brûlant ce qui pouvait l'être, brisant le reste, quelle fête grandiose ! Je voyais le bûcher crépitant, les flammes, les ombres dansantes des acteurs semblables à celles des  jeunes gens et des jeunes filles bondissant la main dans la main à travers les feux  de la Saint-Jean, j'entendais les cris et  les chants et sur les fers des carcans les grands coups de marteau qui les faisaient voler. en éclats... »

 

                                               Louis Guilloux  Le jeu de patience  Gallimard p. 131

 [On aura reconnu, dans la place Saint-Paul, la place Saint-Pierre] .

 

Pour en revenir à notre projet de reconstruction du monument, nous allons reprendre notre bâton de pèlerin. Nous sommes persuadés que les Briochins sont attachés à leur histoire et à leur patrimoine. Comme cela se fait dans beaucoup de villes, la sauvegarde du patrimoine, sa reconstitution à des fins culturelles, citoyennes et touristiques, sont à l’ordre du jour. Rennes a ainsi refait le monument Leperdit, Fougères a refait la statue équestre du Général Lariboisière, Paimpol a refait le buste d’Armand Dayot et s’apprête  à mener à son terme le monument des Islandais par Francis Renaud, le sculpteur bien connu des Briochins.

 Dans nos sociétés, la connaissance de leur histoire, la mémoire des événements heureux ou tragiques qui ont marqué leur passé, permet de mieux affronter les réalités du présent.

 

 Nous pouvons peut-être à cet égard  reprendre à notre compte l’appréciation de l’Institut d’Histoire de la Révolution Française qui annonce d’une manière significative, un séminaire doctoral portant  sur l’année 1793, séminaire qui doit se tenir dans cette présente année universitaire en Sorbonne :

 

 Quentin Renault :

  « 1793-2013. 220 ans…. Et pourtant l’actualité posée par l’été 1793 semble être celle de cet été… 2013. Soulèvements populaires, forces contre-révolutionnaires à l’œuvre, femmes à la recherche de leur dignité et de leur rôle politique, crise sociale et économique grave, guerres avec questions d’ingérence et d’intervention au nom des droits de l’homme bafoués, corruption des élites, faiblesse de l’exécutif, rentrée sociale des plus tendues, répartition des richesses, contribution des plus aisés refusant une politique de bienfaisance nationale, pollution du débat civil par des questions religieuses, l’on n’en finirait pas de pointer les similitudes entre les deux moments pourtant si différents.

 « 1793, année terrible », comment ? pour qui ? pourquoi ?

   Le séminaire se propose de façon rigoureuse de redécouvrir, depuis le procès du roi en janvier 1793 jusqu’à la reprise de Toulon en décembre 1793, les différentes facettes de cette année qui fonde la France républicaine autant qu’elle la traumatise pour de longues décennies
 ».

 

 Beau programme pour de futurs historiens, et qui ne manque pas d’interpeller tous les citoyens, à la fois curieux de leur passé et soucieux que ce passé les éclaire pour surmonter les difficultés du présent. Ce qui n’est pas une mince affaire dans ces temps ou les acquis et valeurs républicaines sont chahutés si on peut ainsi dire pour résumer.

 Après les conférences organisées l’an dernier l’une sur le thème 1792-2012 : 220ème anniversaire de la proclamation de la République avec Daniel Jouteux du Mans, puis celle animée par Annie-Claude Ballini de Paimpol sur Nicolas Armez le premier administrateur du département des Côtes-du Nord, nous avons arrêté pour le printemps prochain (date non encore fixée) une conférence sur les années Pradal-Baratoux à Saint-Brieuc, années qui virent l’édification en 1889 du Monument Poulain-Corbion par Pierre Ogé. C’est Annick Vieuxloup-Legrand,  historienne et professeur d’IUFM qui a accédé à notre demande de présenter ces années de consolidation de la IIIème République dans notre ville.

 Epoque différente de celle de la Révolution, différente aussi de l’époque actuelle, mais dans lesquelles on relèvera des dangers et des menaces similaires. La démocratie, dont la République se veut porteuse requiert de tous les citoyens une constante vigilance.

 

PA250010 Fleurs Maël et PG.JPG

 Photo Rachid Zaimi

Et parce que nous sommes convaincus, et donc obstinés, face à ceux qui ont indûment attaqué le républicain Poulain-Corbion ; à ceux qui ont attaqué  le projet municipal pourtant engagé de reconstruction du monument par  Pierre Ogé  détruit par les nazis avec la complicité de Vichy ;  face à ceux-là  nous restons fidèles à la mémoire de Poulain-Corbion assassiné dans l’exercice de ses fonctions comme représentant de l’Etat  à Saint-Brieuc :

 

                                           Gloire à Poulain-Corbion !

 

 Nous restons fidèles au cri de « Vive la Nation !» lancé à Valmy le 20 septembre 1792 en prélude à la proclamation de la Ière République.

 Et sereinement nous reprenons à notre compte l’exhortation des républicains de toutes nuances et de toutes sensibilités :

                                « Une et Indivisible ! Vive la République ! »

 

 

 

PA250012 ARAC J-CC et YLM.JPG

 Photo Rachid Zaimi

 


                                 ………………………………………

 

 

 131025 Rassemblement Poulain-Corbion.JPG

 Photo Dominique Kern

 

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26/10/2013

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