Association Républicaine Poulain-Corbion

Association Républicaine Poulain-Corbion

Rassemblement-anniversaire du 26 octobre 2012

 

 

  Le Télégramme     Anniversaire de Poulain-Corbion. Les fidèles étaient là

 

Edouard Le Moigne a rappelé la vie et la mort tragique de Poulain-Cobion.


La pluie n'a pas détourné les amis de Poulain-Corbion de leur devoir de mémoire, hier. Edouard Le Moigne, président de l'Association Républicaine Poulain-Corbion, a rappelé les grandes lignes de la biographie de cet ancien maire de Saint-Brieuc, de 1779 à 1789. Dans la nuit du 25 au 26 octobre 1799, il fut transpercé par les baönnettes des Chouans, pour avoir refusé de crier "Vive le Roi", et avoir au contraire manifesté son attachement à la République.

Chaque année, la date anniversaire de sa mort est l'occasion d'une petite cérémonie devant la plaque qui porte son nom

 

                                                     ..................................

 

 

Allocution prononcée par Edouard Le Moigne avec le concours de Quentin Renault et de Marylène Chenet.

 

Nous sommes réunis suivant maintenant une tradition, à l’appel de l’Association Républicaine Poulain-Corbion, pour commémorer la mort violente de Poulain-Corbion assassiné par les Chouans dans la nuit du 4 au 5 brumaire an VIII du 25 au 26 octobre 1799.

 

Présence de l’Association Républicaine des Anciens Combattants, avec le drapeau national. La présence à cette cérémonie des Anciens combattants se justifie pleinement pour deux raisons :

1. Le Monument Poulain-Corbion érigé en 1889 commémorait les victimes d’une guerre, de celle qui opposait les Chouans alliés aux émigrés et dans l’Ouest aux Anglais, contre la France.. Un monument sur lequel étaient gravés les noms des victimes civiles et militaires tombées sous les coups : Poulain-Corbion, Chardronnet, Gautier, Le Breton, Botrel, Darthuy, Couture, Fournier, Marvis, Varlin.

      En fait c’était à la fois un mémorial et un monument aux morts.

 

      2. Et en second lieu, l’enlèvement en 1942 est aussi un fait de guerre d’autant que le bronze récupéré a servi à des fins militaires contre les populations.

 

Présence de la Ligue des Droits de l’Homme.

 Pourquoi la LDH ?

1.      D’une part la Ligue des Droits de L’Homme se réfère à la déclaration votée en le 26 août 1789 par Poulain-Corbion et qui constitue depuis une référence universelle de la démocratie : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits… ».

2.      D’autre part la Ligue des Droits de l’Homme est née dans les remous des premères années de la IIIème République –au début du XXème siècle (1902) en relation avec l’Affaire Dreyfus.

3.      Ajoutons qu’Armand Dayot, animateur des Bleus de bretagne et l’initiateur du monument, était lié aux partisans de Dreyfus, à Emile Zola, à Eugène Carrière, à Jaurès. Son épouse Myriem était juive. Et les historiens ignorent dans quelles conditions elle a fini ses jours dans les années 40 où régnaient la nuit et le brouillard

 

Philippe Guéniffey, Maire-Ajoint représentait le Maire Bruno Joncour

 

Excuses de :

Claudy Lebreton Prés du CG, Ronan Kerdraon Sénateur et Maire de Plérin, René Regnault Président de l’Association des Maires de France du 22, Elisabeth Séité Maire-Adjonte de Saint-Brieuc, Evelyne Bot Conseillère déléguée, Michel Brémont et Christian Provost  conseillers Généraux de Saint-Brieuc et VP du CG, ainsi que les vices-présidents : Monique Le Clézio, Gérard Le Caer, Sylvie Bourbigot, Isabelle Nicolas, Loïc Raoult.

 

 

 Rappel historique :

     

        Jean-François Poulain de Corbion qui avait abandonné la particule de la noblesse au début de la Révolution, était en 1799, commissaire du gouvernement de la République (on disait commissaire du Directoire exécutif)  près la municipalité de Saint-Brieuc. Cette fonction  correspondait à la confiance que le Directoire national, en place depuis 1795 et la municipalité, plaçaient en Poulain-Corbion. Il veillait en particulier à la bonne application des lois.

        Né à Quintin en 1743, dans une famille de la noblesse. Famille de noblesse de robe relativement riche pour posséder un hôtel particulier au centre de la ville. Maison à colombages de plusieurs étages sur la place de l’église. Aujourd’hui siège de l’Office de tourisme. Poulain de Corbion possède aussi un château en la commune de St-Alban, château qui sera d’ailleurs partiellement incendié par les Chouans en 1795. Il fait des études d’avocat, s’installe à Saint-Brieuc et est maire de la ville de 1779 à 1789.

        Poulain-Corbion, en disciple des Lumières est acquis aux idées nouvelles. Selon l’historien Yves Lavoquer, il est  franc-maçon, membre de la loge la Vertu triomphante. Il fait suivre sa signature des trois points symboliques de la Franc-maçonnerie.

        Il n’a pas été sans croiser l’abbé Siéyès qui fut un moment au service de l’évêque de Tréguier et qui écrit à l’époque un pamphlet retentissant sur l’iniquité de la représentation des classes non aristocratiques dans les instances de décision. :

 

 « Qu’est-ce que le Tiers état ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A devenir quelque chose ».

 

         Poulain-Corbion lui-même est l’auteur d’un texte en défense des paysans, intitulé, par référence à Henri IV, « La poule au  pot ». On sait aussi qu’il écrit au ministre Necker, une preuve de la considération  dont il jouissait en haut lieu.

 

        En 1789 il est un des principaux rédacteurs du cahier de doléances du Tiers état  de Saint-Brieuc et est élu avec Palasne de Champeaux aux Etats Généraux convoqué à Versailles par Louis XVI pour trouver une solution à l’endettement de l’Etat.

      (On se rappelle que le Haut Clergé et la Noblesse ont refusé d’envoyer des délégués,       refusant par avance que l’on touche à la constitution bretonne).

 

 

        Poulain-Corbion va siéger à Versailles puis à Paris comme député de l’Assemblée Constituante, chargée de rédiger une constitution au royaume et qui se dissout, tâche accomplie en septembre 1791.

 

C’est une autre assemblée qui est alors élue, l’Assemblée législative dont les députés constituants ont d’ailleurs décidé qu’ils ne pourraient pas en faire partie.

 

       A son retour, chaleureusement remercié par le Conseil Municipal, il décline la proposition de redevenir Maire, et prend une certaine distance avec le cours des événements, notamment parisiens.

       Les événements vont d’ailleurs se précipiter avec la déclaration de guerre à la Prusse et à l’Autriche au printemps de 1792, événements qui vont conduire au renversement de la monarchie déjà discréditée depuis l’arrestation de la famille royale à Varennes.

Au lendemain de la victoire de l’armée française à Valmy en Champagne le 20

 

 

        Poulain-Corbion  ne reprend  une activité politique qu’avec l’avènement du Directoire en 1795 qui succède à la Convention,  sans doute alors plus en accord avec ses convictions politiques modérées.

 

 Il occupe alors un poste de confiance comme commissaire du Directoire exécutif, représentant le gouvernement auprès  de la Municipalité de Saint-Brieuc.

         Il meurt dans des circonstances tragiques lors d’une attaque des Chouans qui travaillent, avec l’appui de l’étranger, à tenter de renverser la République et de  réinstaller  l’Ancien Régime.

        On sait que les menaces qui pèsent sur la République vont conduire à confier le sort de la Nation au général Bonaparte lors du coup d’Etat du 18 brumaire an VIII, qui survient quelques jours seulement après cette nuit du 4-5 brumaire. Ce coup d’Etat marque, en fait la fin de la période révolutionnaire, ouvrant la voie à l’instauration du Consulat puis du Ier Empire.

 

 

1889 : un monument devant l’Hôtel de ville

 

En 1889, la République, la IIIème du nom, encore fragile, menacée par les nostalgiques de la monarchie, par les Bonapartistes, par ceux qui aspirent derrière le général Boulanger à une dictature militaire, lance dans le pays une campagne de manifestations, et de cérémonies qui prend souvent la forme d’édifications de monuments républicains : ici des mariannes comme à Guingamp, là des colonnes commémoratives comme à Pontivy, souvent une représentation statuaire de personnalités locales ayant marqué l’époque révolutionnaire : Hoche à Quiberon, Leperdit à Rennes, Lariboisière à Fougères. A St-Brieuc la personnalité éminente de la Révolution c’est Poulain-Corbion pour les raisons qu’on imagine, notamment du fait des circonstances de sa mort.

 

Pour être plus précis  sur l’hommage à rendre à Poulain-Corbion, c’est dès 1868, donc sous le Second Empire, sous Napoléon III que le maire de St-Brieuc, M. Hérault évoque la nécessité d’honorer sa mémoire. Et en 1880 le maire Viet-du Bourg fait apposer, le 14 juillet 1880, une plaque sur la cathédrale. On en voit encore les cicatrices dans le mur au-dessus de la plaque actuelle.

 

En fait,  Poulain-Corbion ne suscite donc pas l’intérêt  par les seules circonstances de sa mort. On doit aussi souligner ses réalisations lorsqu’il était maire de Saint-Brieuc. On a , à ce propos, un témoignage particulier : celui de l’arrière petit-fils qui écrivait sur son aïeul en 1868 :

 

 

Lecture par Quentin Renault

 

 Lettre de l’arrière petit-fils de Poulain-Corbion 

 

Saint-Brieuc, le 4 juillet 1880

 Monsieur le rédacteur,

 Le journal Le Progrès du 4 juillet m’a été adressé ce matin et j’y ai lu un article de M. Armand Dayot réclamant l’érection à St-Brieuc d’un monument commémoratif de la mort glorieuse de Poulain Corbion, mon aïeul. En remerciant l’auteur de cet article de ses intentions bienveillantes et de son appréciation vraie d’un fait qui honore ma famille et moi-même, je ne puis tout d’abord que répéter ce que j’avais eu l’honneur d’écrire, le 26 janvier 1868, alors que M. Pellarin avait demandé, après d’autres écrivains, que le nom de Poulain-Corbion fût donné à la place publique qu’il arrosa de son sang :

          « Je suis personnellement reconnaissant de cet hommage rendu à la mémoire de mon glorieux ancêtre, et si j’avais une observation à faire, ce serait de le trouver incomplet. En effet M. Pellarin semble dire que c’est seulement par sa mort que Poulain Corbion a bien mérité de son pays ; c’est aussi par sa vie. Dès 1779, Poulain de Corbion (car c’était son nom) était nommé, par voie d’élection, maire de Saint-Brieuc et colonel de la milice bourgeoise, dont fut élu capitaine M. Leuduger-Fortmorel, le père de celui qui fut son gendre.

En 1782, Poulain de Corbion fut réélu maire et envoyé par la communauté de ville représenter la sénéchaussée de Saint-Brieuc aux Etats de Bretagne qui se tinrent à Rennes. C’est sous son administration et par ses soins que fut dressé le premier plan de la ville de Saint-Brieuc, que fut établie la promenade Duguesclin, dont les tilleuls, qui ombragent encore notre génération, furent plantés, à ses frais, en 1788. Vers cette époque aussi, il fit construire les quais du Légué du côté de Saint-Brieuc et obtint à cet effet du vicaire de l’église Saint-Michel un prêt de 12 000 livres fait à la ville sans intérêts ; c’est également à lui que l’on doit le pavage de la ville et l’établissement d’une chambre littéraire.

 En 1789, les électeurs choisirent Poulain de Corbion et Palasne de Champeaux pour les représenter aux Etats-Généraux, et quand mon aïeul revint à Saint-Brieuc, à l’expiration de sa mission, le 13 octobre 1791, les honneurs qu’on lui rendit à son arrivée, le discours qui lui fut adressé au nom de la population par M. Besné de la Hauteville, officier municipal, sont la preuve qu’il avait rempli, suivant les intentions de ses commettants, le mandat qui lui avait été confié ; il s’était associé aux réformes inaugurées en 1790, il avait embrassé les principes de sage liberté dont il était temps enfin de faire l’application, et donné des preuves de son entier dévouement à la chose publique.

 Mais pendant…..1792, 1793 et 1794, Poulain de Corbion qui n’aurait pas voulu s’associer aux excès commis au nom de la liberté, resta complètement étranger aux affaires politiques. Le 9 novembre 1791, réélu maire par 110 voix sur 122 votants, il n’accepta pas cette dignité : désireux cependant de ne pas rester inactif et de servir ses concitoyens sur un terrain où la politique ne s’assied pas, il accepta le 20 février 1792, d’être premier juge au tribunal de commerce nouvellement créé, où il fut élu avec MM. Chaplain, Vésury, Sébert et Villeberno.

 Le 30 octobre 1797, à une époque où la République, sortie des tristes jours de la Terreur, était devenue un gouvernement régulier, Poulain Corbion fut installé en qualité de Procureur de la Commune et commissaire du pouvoir exécutif ; le 20 mai 1798, il était nommé conservateur des bâtiments militaires de Saint-Brieuc, et il jurait DE MOURIR, ce sont les termes de son serment, plutôt que de trahir le gouvernement de la République devant l’ennemi.

Le magistrat civil a tenu son serment : IL EST MORT plutôt que de livrer les clefs de la poudrière aux chefs du parti qui avaient envahi la cité. Il était deux heures du matin. M. Huet, ancien notaire, m’a souvent raconté que, dans la matinée, il avait contemplé son cadavre adossé contre la tour nord de la cathédrale et sa belle chevelure blanche rougie par son sang. Son fils, mon grand-père, qui était lieutenant des canonniers, fut blessé dans la rencontre, et ma grand-mère m’a plus d’une fois parlé de la nuit affreuse qu’elle avait passée au corps de garde, où elle avait été jetée avec d’autres victimes de ces déplorables dissensions. »

 J.-M. Poulain Corbion, père, Avocat. Pour adhésion : Jean Poulain-Corbion, fils, avocat ».

 

Le 25 août 1889, devant l’Hôtel de Ville flambant neuf  achevé le 14 juillet est inauguré par le maire Charles Pradal, un superbe monument signé du sculpteur briochin Pierre Ogé qui a réalisé à Saint-Brieuc plusieurs œuvres comme le monument aux morts de 1870 au cimetière de l’ouest, le Baptème gaulois, le Pilleur de mer acquis par la ville de Paris,  ou encore Mgr Bouché dans la cathédrale, ou encore Ahès et Virginie. Le monument est constitué d’un socle de granit et d’une  statue en bronze représentant Poulain-Corbion dans une attitude altière défiant l’ennemi et gardant en main les clés, depuis toujours  symboles du pouvoir et de l’autorité.

 

Le socle est l’œuvre  du Briochin Jean Hue qui avait son atelier dans l’actuelle rue du Maréchal Foch. Il porte gravée une inscription de l’historien Geslin de Bourgogne sur les circonstances de la mort de Poulain-Corbion et les noms des morts au nombre de 9 de cette nuit tragique.

 

Esquissant un tableau des vieux quartiers de Saint-Brieuc, un éminent connaisseur  de notre ville et plus précisément de ce quartier écrit :

 

Lecture par Marylène Chenet :

 

 Le narrateur fait une description sur le modèle d’un film :

 

« (…)Cela eût commencé comme dans un film. Un «pinceau lumineux » se fût un instant attardé sur le clocher de notre vieille cathédrale et l’on eût au passage appris, en regardant l’horloge du clocher, qu’il était un peu plus de six heures du soir. Ensuite il eût sufi de quelques éclairs, révélant tel aspect pittoresque de nos anciens quartiers, faisant apparaître la silhouette en bronze d’un de nos héros dressée sur la place de l’Evêché, ou la porte du commissariat de police tout près de l’Hôtel de Ville, pour créer, comme on dit, l’atmosphère ». . Louis Guilloux Le jeu de patience

 

 

C’est ainsi qu’apparaît, sous la plume du romancier briochin, la statue en bronze de celui qu’il qualifie de « un de nos héros », notre héros à nous tous ici,  Poulain-Corbion, qui a « trôné »  sur cette place du Général de Gaulle (ex place du Pilori puis de la Liberté, puis de la Préfecture) de1889 à 1942 date à laquelle on a procédé à son enlèvement .

 

Ajouterai-je  que Louis Guilloux rappelle aussi que c’est en octobre 1789, écho rapproché de la prise de la Bastille le 14 juillet, que les instruments du gibet furent brûlés, place St-Pierre, dans la liesse populaire.

 

L’enlèvement de la statue en 1942

 

Le monument est démonté en mars 1942 par les autorités d’occupation associées au gouvernement de Vichy. En vertu d’une loi votée en 1940, l’opération devait servir à l’économie du pays notamment à l’agriculture, en fait, le cuivre récupéré servira à alimenter l’effort de guerre des armées du IIIè Reich.

 

Le démontage du monument donnera lieu à des protestations de la population briochine : un journal de l’époque écrit à ce propos qu’on semblait assister à une  seconde mort. Et fait remarquable, le maire de l’époque, Chrétien, sollicitera des autorités allemandes l’autorisation de faire prendre des photos, en gros plan dans le camion réquisitionné, par le photographe Delaunay dont les plus anciens d’entre vous se souviennent qu’il avait son magasin avenue de la Libération.

Ces photos ont été prises dans la perspective évidente de servir à refaire le monument une fois la paix revenue.

 C’est aussi ce qu’il répondait en 1943 au petit-fils de Jean Hue qui obtenait l’assurance que le socle de pierre serait conservé en lieu sûr pour resservir. On sait que stocké quelques années boulevard Pasteur, ce socle a disparu  dans les années 1970 lors de la construction de l’école de la rue des Merles, et qu’il se trouve aujourd’hui sans doute enfoui sous les gravats de l’ancienne décharge de la grève de Cesson. Quelques temps après la Libération on a placé sur la cathédrale la plaque actuelle, qui remplace celle qui avait été fixée plus haut en 1880.

 

Lors du bicentenaire de la mort de Poulain-Corbion en 1999, l’Association avait sollicité le Maire Claude Saunier qui diligenta un  buldozer pour fouiller la décharge .  Jean-Pierre Grall, André Le Méhauté, le sculpteur Araujo et moi-même ainsi qu’un ingénieur de la ville et le conducteur de l’engin dont j’ai oublié les noms sont rentrés bredouilles de cette chasse au trésor bien particulière : une aiguille dans une botte de foin. La décharge a une superficie de 23 ha et par endroits les gravats ont jusqu’à 7 m d’épaisseur. Cet épisode, relativement récent constitue bien un indice de la volonté implicite du maire Claude Saunier de redonner une seconde vie au granit artistiquement travaillé par Jean Hue, et donc une seconde vie au monument.

 

Quelles sont les perspectives actuelles de reconstruction ?

 

Elles sont à mettre à l’actif du maire Bruno Joncour, et à l’époque de sa première mandature à  Evelyne Bot  qui était maire-adjointe à la vie associative. Aujourd’hui nous trouvons une oreille attentive auprès de Philippe Guéniffey Maire-adjoint et de Jean-Pierre Prigent de la Direction Générale des services.

Un projet a été établi conjointement par la Mairie et l’Association, chiffré à 97 000 euros. Les Bâtiments de France ont donné leur accord pour l’implantation sur l’actuelle place du Général de Gaulle, devant l’Hôtel de Ville.

 

Des demandes de subventions ont été lancées. Le Conseil Régional suite à l’appui de Michel  Morin Vice-Président et de Jean-Yves Le Drian Président, a déjà voté une aide de 8 000 euros.

Le Conseil Général par la voie de Charles Josselin était d’accord, tout comme les 3 conseillers Généraux de Saint-Brieuc : Michel Brémont, Christian Povost et Alain Cadec qui par ailleurs, en tant que député européen a tiré les sonnettes de ce côté.

 

Les sénateurs Ronan Kerdraon et Gérard Le Cam se déclaraient disposés à prélever une partie de leur réserve parlementaire pour cette réalisation éminemment symbolique du patrimoine révolutionnaire et républicain commun aux diverses sensibilités politiques et philosophiques de la cité briochine.

 

Mais on sait que Michel Lesage, alors président en exercice  de St-Brieuc-Agglomération, au moment de solliciter le vote d’une subvention de 10 000 euros par l’assemblée communautaire, a dû ajourner ce vote suite à la suspicion d’enrichissement frauduleux lancée contre Poulain-Corbion.

 

Ce sont des accusations sans fondement

 

.Après son assassinat en 1799, sa seconde mort, comme on l’a vu en 1942, va-t-on accepter sans réagir ce qui serait assimilable à une 3ème « exécution » ?

 

Les accusations de prévarication ont donné lieu à une libre opinion publiée dans le  magazine municipal de Saint-Brieuc Le Griffon sous la signature de deux conseillers municipaux . L’Association a demandé un droit de réponse dans ce journal, droit qui lui a été démocratiquement accordé.

Notre texte  démontre que  ces accusations sont totalement infondées. Elles sont étayées par des contre-vérités historiques ainsi que soulignées dans un texte écrit par le Professeur Bernard Bodinier de l’Université de Rouen et spécialiste de la vente des biens nationaux.

 

Poulain-Corbion n’avait pas la charge de la vente des biens nationaux qui provenaient des biens d’ l’Eglise qui avaient été sécularisés dès 1789, c’est-à-dire nationalisés à la demande de l’Assemblée Nationale et de Louis XVI, pour éponger les dettes de l’Etat.

Les biens nationaux provenaient aussi, par la suite, de la confiscation par l’Etat des biens de ceux qui avaient émigré pour prendre les armes conte la France. C’est une pratique qui a pu être utilisée à d’autres moments de notre histoire : ainsi les usines Renault ont fait  l’objet à la Libération, sous le gouvernement du Général de Gaulle, d’une nationalisation qui a donné naissance à la Régie nationale des automobiles Renault.

 

Entendons-nous : il est évident que les élus ne peuvent pas nécessairement être au fait de toutes les connaissances en Histoire. On peut simplement regretter que nos deux conseillers n’ont pas bénéficié des informations adéquates ou les ont puisées à mauvaise source

Que l’on se rassure, l’Association Républicaine Poulain-Corbion n’a de compte à régler avec personne.  Il nous suffit  que soit rétablie la réalité des faits.

 

Maintenant  que les doutes sur l’honnêteté de Poulain-Corbion ont été dissipés, grâce au concours d’historiens éminents,  il est temps de revenir à la démarche sereine que les différents responsables politiques concernés étaient en train d’opérer avant que la discussion sur les votes de subventions ne soient ajournées.

 

 

Pourquoi refaire un monument ?

 

Ce n’est pas le lieu ici de défendre le rôle, la fonction ou disons encore, la vertu des statues qui sont le propre et souvent la marque des civilisations humaines . Laissons cependant sur cet aspect de la question, la parole à un connaisseur  :

 

 Lecture par Marylène Chenet :

 

L’auteur des lignes qui suivent porte appréciation sur les statues publiques :

 

« Vous traversez une grande ville vieille dans la civilisation, une de celles qui contiennent les archives les plus importantes de la vie universelle, et vos yeux sont tirés en haut ; car sur les places publiques, aux angles des carrefours, des personnages immobiles, plus grands que ceux qui passent à leurs pieds, vous racontent dans un langage muet les pompeuses légendes de la gloire, de la guerre, de la science et du martyre.

Les uns montrent le ciel, où ils ont sans cesse aspiré ; les autres désignent le sol d’où ils se sont élancés. Ils agitent ou contemplent ce que fut la passion de leur vie et qui en est devenu l’emblème : un outil, une épée, un livre, une torche.

Fussiez-vous le plus insouciant des hommes, le plus malheureux ou le plus vil, mendiant ou banquier, le fantôme de pierre s’empare de vous pendant quelques minutes, et vous commande, au nom du passé, de penser aux choses qui ne sont pas de la terre. Tel est le rôle divin de la sculpture »

Charles Baudelaire  Le salon de 1859.

 

Reprenons rapidement les raisons qui plaident en faveur de la reconstruction du Monument Poulain-Corbion. On peut ici souligner cette constante tout à fait remarquable  : on l’a déjà relevé, les municipalités successives, d’orientations politiques diverses et parfois opposées se sont inscrites depuis de nombreuses décennies dans le projet d’un monument  à Poulain-Corbion

 

                a) Le monument Poulain-Corbion a un rapport évident avec plusieurs périodes de notre histoire

 

La période révolutionnaire

La période des dernières années du Second Empire, et celle de Pradal-Baratoux des débuts de la IIIème République

Les années de guerre 39-45 et d’occupation avec l’enlèvement en 1942.

 

La célébration du bi-centenaire en 1989 avait donné lieu à la réalisation par André Coupé d’une assiette commémorative de la députation de Poulain-Corbion avec le rappel des circonstance de sa mort en 1799. Assiette commandée par  Louis Gautier.

 

Le monument reconstruit rappellerait à tous des épisodes  importants de notre histoire, et la gestation souvent tumultueuse de la démocratie dont, malgré les améliorations toujours nécessaires,  nous sommes les héritiers et les bénéficiaires.

 

                          b) La reconstruction souhaitée serait en outre  une œuvre d’art en rapport étroit avec celle réalisée en 1889 par Pierre Ogé,  un des plus grands sculpteurs de Saint-Brieuc. Sa réalisation actuelle devant, dans la mesure du possible, conserver le style et les caractéristiques de l’original.

 

                             c) Le projet fait une large place aux préoccupations locales, dans la mesure notamment où le socle de granite serait réalisé par les élèves du Lycée Professionnel de Quintin. Par ailleurs ville natale de Poulain-Corbion.

 

                              d) L’intérêt d’une telle réalisation et de sa réimplantation dans le cœur historique de la ville contribuerait à accroître l’attrait touristique de ce secteur, aux côtés de la cathédrale, des halles, du pavillon de Bellecize, des rues anciennes, et des vestiges sans doute encore à découvrir du passé de la ville.

 

                               e) La reconstruction de ce monument ne serait que justice : nombre de villes ont d’ailleurs procédé à des reconstructions de monuments démontés pour être fondus pendant l’Occupation : ainsi Rennes avec le monument Leperdit, ainsi Fougères avec le monument Lariboisière, ainsi Paimpol avec le monument Armand Dayot, ceci pour nous en tenir à des exemples voisins.

 

Notre héritage historique est de sources diverses : architectural, statuaire, pictural, religieux, profane. Le passé révolutionnaire et républicain est constitutif de notre héritage commun. C’est à nous tous et aux instances représentatives élues de le conserver, de l’entretenir, de le reconstruire pour le transmettre aux générations à venir

 

                                f) Enfin, réaliser un monument républicain dans la période actuelle n’est pas sans importance. En particulier parce que ce monument renouerait avec une des constantes proclamées de la République, à savoir reconnaître les diverses composantes de la société. La République rassemble. Elle réunit dans le respect de la diversité, dans le respect des droits de chacun, dans le souci aussi de pourvoir au mieux aux besoins sociaux.

On pourra ainsi dire que Poulain-Corbion n’est pas mort pour rien et que la République qu’il a défendue au prix de sa vie, mérite bien d’être sauvegardée.

 

Gloire à Poulain-Corbion !

Une et Indivisible : Vive la République !

                                                   **********************

 

 Un bouquet de fleurs était ensuite déposé au pied de la plaque par les deux jeunes enfants Maël-Guislain et Hermione-Katell Hecquard de Cordoue-Pincemin, descendants de Poulain-Corbion..

 

Rappel est fait de la conférence programmée pour le 24 novembre : « 1792-2012 : Entrer en République » avec Daniel Jouteux  Président de la Société des Amis de la Révolution  Française.

 

Rappel aussi de la conférence prévue pour le 24 mai 2013 : « Nicolas Armez. Premier administrateur du département des Côtes-du-Nord » avec sa biographe.

 

Jean-Claude Champagne entonnait ensuite le Chant du départ repris en chœur par toute l’assistance.

 

                                                 ************************

 

 

                       

 

 

 



29/10/2012

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